Après trois jours d’errance à Oulan Bator, ou UB comme on dit ici, on commence à être impatientes de quitter cette ville fleurie et glamour. Et pour commencer notre voyage, on a choisi d’aller au festival des aigles des chasseurs kazakhs qui se trouve à Bayan Olgii, la ville la plus à l’ouest de la Mongolie. Pour cela, on pouvait soit prendre l’avion tout confort de MIAT Airlines (un dérivé de Aéroflot), soit une jeep privée, soit le bus public qui roule jour et nuit pendant 3 jours. Les deux premières possibilités étant bien trop chères, on a « choisi » le bus.
Nous voila donc parties pour 3 jours non stop. Le bus comprend deux chauffeurs qui se relaient. Les véhicules ici sont soit des grands bus chinois, comme on les connait par chez nous, soit des petits bus russes hyper résistants. Pour nous ce sera un Russian Bus, car c’est une route difficile (quand il y en a une).
Premier jour, notre bus part à 15h. On arrive très en avance, on trouve le bus et on s’assoie dedans de la manière la plus confortable. On a des bons sièges. Il y a environ 14 places normales. Nous sommes 3 touristes dans le bus, Bertrand, jeune fan de Quechua et nous deux. Le bus transportent 12 personnes et environ et un tiers du bus est occupé par les bagages.
Apres une demi heure de bus, premier arrêt. Dix minutes de confusion. Changement de bus, on s’entasse tous dans un autre bus qui a déjà des passagers et des bagages… mais ça ne semble impressionner personne. Adieux nos places confortables ! Dans ce nouveau bus, nous sommes 17 passagers, dont un enfant de 7 ans, pour 14 sièges plus les deux chauffeurs à l’avant.
Nous voila donc partis pour 3 jours. Étant donné l’état de la route, on abandonne vite tout espoir de lire ou d’écrire quoi que ce soit. La plupart du temps on discute, on joue aux cartes avec le gamin ou on tente de dormir. La nuit c’est dur, les uns ont trop chaud car ils sont près du moteur, les autres trop froid car ils sont au fond. Le bruit de la carlingue est assez présent, il y a beaucoup de poussière et pas de place. On rentre vite dans une routine de combat de coudes. Pour ce qui est de la nourriture, on nous avait dit d’en emmener mais le bus s’arrête plus ou moins deux fois par jour à des horaires incongrus dans des villages, sans compter les pauses pipi.
De manière générale on aura jamais dépassé les 60km/h. Chaque pause est mise à profit par les chauffeurs pour démonter quelque chose, un bout de moteur, une roue… on commence à abandonner des morceaux sur le bas côté. En général, il préfère démonter quand on arrive enfin à bien rouler.
Au début le voyage se portait bien puis ça s’est dégradé petit à petit. Le soir du troisième jour, gros problème, le bus s’arrête plusieurs heures puis repart. On était censés arriver ce soir là mais on est encore loin d’Olgii. Le quatrième jour dans la matinée, nouveau gros problème, le bus ne peut plus monter la côte. Nous montons tous à pied et finalement nous réembarquons au sommet. Deux heures plus tard c’est la panne sèche. Enfin c’est ce qui se dit, mais il ne doit pas y avoir qu’un problème d’essence. Alors que l’on n’est plus qu’à quelques heures de Bayan Olgii, on restera là coincés toute la journée près d’un lac. Heureusement l’endroit est sympa. Sauf qu’on a plus qu’une boite de thon pour trois. En fin de journée un des chauffeurs reviendra en stop avec de l’essence. C’est alors la dernière ligne droite à une vitesse de 10km/h. On n’essaye même plus de prévoir à quelle heure on va arriver en ville, on a déjà raté un jour du festival et la promiscuité devient pesante. On arrive finalement à une vitesse d’escargot vers 1h du matin le 4ème jour. En tout, le trajet aura donc duré un peu plus de 80 heures.
En arrivant, il n’y a aucune chambre disponible dans les hôtels. Un passager nous propose de nous héberger. On entasse tous nos bagages dans un taxi qui au bout de 3min, tombe en panne. Crise euphorique post traumatique.
On décharge tout, trouve un autre taxi et on arrive enfin à destination. Il fait noir on ne voit rien et on est fatigués et crasseux. En arrivant sa femme et lui nous offrent un repas chaud et leur salon pour dormir. Ils ont l’air d’être assez aisés, malgré le côté spartiate de la maison. On est tellement crevés et impatients de s’allonger pour dormir qu’on ne cherche pas beaucoup plus loin. Demain, qui sait, on aura peut-être une douche… ? Mais mieux vaut ne pas se projeter trop loin.
schoene !
Très cool, ça donne envie de bouger bouger 🙂
c’est ça qui fait les vrais souvenirs de voyage, eau au pipi de chameau dans le désert,voitures sans roues de secours et attente durant des heures,bouffe inexistante…c’est autre chose que le clubmed.